La série des Star Ocean tient une place à part dans le petit monde des RPG japonais. Elle nous projette en effet dans un univers rarement exploré par ce type de jeu : un space opera saupoudré d'éléments d'heroïc-fantasy. The Last Hope est le quatrième épisode de cette licence mais il opère un petit retour dans le passé pour nous permettre d'assister aux balbutiements de la conquête spatiale et aux origines de cette grande saga.
C'est avec la série des Star Ocean que le studio japonais tri-Ace s'est fait connaître et cette licence reste encore l'une de leur meilleure carte de visite. Dès le premier épisode sorti sur Super NES en 1996, le ton était donné : contrairement à la plupart des RPG qui se cantonnent à l'heroïc-fantasy, tri-Ace se lance dans l'exploration spatiale. L'autre grande caractéristique de la série tient à son système de combat : alors que le tour par tour était la règle, le premier Star Ocean lorgne du côté des Tales of et propose des affrontements dynamiques en temps réel. Au fil du temps la série n'a pas cessé d'évoluer et de s'enrichir de nouvelles fonctionnalités à tel point que le troisième épisode sorti sur PS2 est encore considéré comme l'un des incontournables du genre. The Last Hope n'est pas la suite directe de ce dernier, il s'agit d'une préquelle qui revient sur les origines de la saga. Les nouveaux venus trouveront ainsi une belle porte d'entrée dans la série tandis que ceux qui connaissent déjà les premiers épisodes, notamment au travers de leur remake sorti sur PSP, apprécieront les nombreux clins d'œil qui ponctuent le titre.
Les Star Ocean nous dépeignent un avenir pas vraiment réjouissant : le 21ème siècle a été secoué par une Troisième Guerre Mondiale qui a failli détruire l'humanité. Les survivants vivent désormais sous terre et mobilisent toutes leurs forces pour se lancer dans la conquête spatiale. Ils espèrent en effet trouver un nouvel Eden, la planète sur laquelle l'espèce humaine pourrait prendre un nouveau départ. Edge Maverick et Reimi Saionji font partie de l'équipage de l'un des premiers vaisseaux à partir ainsi vers l'inconnu. Malheureusement ce voyage ne va pas tout à fait se passer comme prévu et ils finiront par s'échouer sur une planète peu accueillante. Edge et Reimi prennent alors le contrôle du Calnus, le dernier bâtiment en état de marche, et partent à la recherche de l'un des vaisseaux du convoi qui est porté disparu... Leur quête les amènera à visiter de nombreuses planètes et à croiser quelques races extraterrestres en cours de route. Leur équipage va ainsi s'étoffer de personnages hauts en couleur tels qu'un colosse cybernétique, une femme-chat ou une petite fille qui pratique la magie.
Ce voyage à travers l'espace peut paraître assez décousu : vous êtes ballotté d'une planète à l'autre et les événements s'enchaînent sans que vous ayez prise sur eux. Vous serez ainsi amené à venir en aide à un peuple en particulier, puis renvoyé dans le passé par une faille spatio-temporelle avant de vous crasher sur une planète perdue... Il n'est pas toujours facile de trouver un fil directeur entre toutes ces mésaventures. Dans ces conditions, on a davantage l'impression d'être spectateur du cours des événements que d'être réellement acteur. C'est un détail qui est tout de même un peu dérangeant dans le cadre d'un jeu de rôle qui est censé au contraire miser sur l'immersion. Ce sentiment est d'ailleurs renforcé par la présence de très longues cinématiques. Si celles-ci sont toujours les bienvenues lorsqu'elles servent le scénario ou lorsqu'elles sont particulièrement impressionnantes, l'accumulation de scènes assez banales finit par desservir l'ensemble en plombant le rythme de l'aventure.
On retrouve aussi des problèmes de rythme lors des phases d'exploration. Pourtant au premier coup d'œil celles-ci paraissent plutôt alléchantes. On se balade librement dans de vastes environnements qui se renouvellent de planète en planète. Vous pouvez voir les ennemis susceptibles de vous chercher des noises ce qui vous permet d'éviter des combats en sprintant ou de les prendre facilement à revers. Les choses se corsent lorsque l'on prend en compte le level-design des lieux que vous allez visiter. Les donjons par exemple sont incroyablement longs. Il pourrait s'agir d'un bon point mais malheureusement ils manquent de diversité et vous aurez rapidement l'impression de tourner en rond dans leurs couloirs. Ajoutez à cela le fait que les points de sauvegarde sont souvent très éloignés et vous comprendrez que vous risquez de laisser tomber votre exploration avant de voir le bout du moindre boss. Cerise sur le gâteau, l'un des premiers personnages que vous recrutez est capable de déceler la présence des coffres et l'indique sur votre carte. Il n'y a rien de tel pour vous faire passer l'envie de farfouiller à droite ou à gauche.
Finalement il n'y a pas de surprise, le meilleur atout de The Last Hope réside dans son système de combat. Une fois que vous rencontrez un monstre, vous retrouvez immédiatement vos quatre personnages sur une arène pour un affrontement en temps réel. Vous ne pouvez diriger qu'un combattant à la fois mais rien ne vous empêche de passer de l'un à l'autre à tout moment en utilisant les gâchettes hautes de la manette. Quand vous ne les contrôlez pas, vos coéquipiers agissent de manière assez logique, d'ailleurs vous pouvez leur demander de suivre quelques grandes directives comme de combattre ensemble ou de prendre les ennemis individuellement, ou encore d'économiser leurs PM. Ces derniers permettent de lancer des attaques spéciales que vous pourrez assigner librement aux deux gâchettes basses. Il suffit d'appuyer sur une touche pour donner un coup simple. Les combats sont dynamiques et le seul reproche qu'on pourrait leur faire concerne la difficulté de viser un ennemi en particulier. Vous vous focalisez en effet systématiquement sur l'adversaire le plus proche de vous mais ceci ne fonctionne pas toujours à merveille et on aurait préféré pouvoir choisir sa cible un peu à la manière d'un Tales of Vesperia.
On remarque qu'une jauge de Vitesse fait son apparition aux côtés des classiques PV et PM. Celle-ci se remplit au fur et à mesure des coups que vous portez et que vous recevez. Elle vous permet finalement de déclencher une espèce de rage et pendant un court instant vous êtes plus rapide, plus résistant et vos coups sont plus puissants. On regrette qu'un système de parade ne vienne pas faire son apparition dans cet épisode. Cette lacune est toutefois contrebalancée par la possibilité de sauter : vous pouvez ainsi esquiver facilement les coups de vos adversaires. Cette fonctionnalité prend tout son intérêt dans le cadre des attaques-éclair : il faut maintenir la touche de saut suffisamment longtemps face à un ennemi pour avoir la possibilité de lancer ce coup. Il suffit alors de pousser le stick directionnel pour que le personnage tente de contourner l'ennemi. Le temps se ralentit et l'adversaire est désorienté, toutes vos attaques auront alors le statut de coup critique pendant un court instant.
Ce détail a son importance car le fait de tuer un ennemi avec un coup critique peut s'avérer très avantageux. En effet, un peu à la manière de la jauge de Heat Up de Till the End of Time, vous pourrez compter sur un tableau de bonus pour ajouter un peu de beurre dans les épinards à la fin des combats. Ce tableau peut accueillir 14 cellules correspondant chacune à un bonus bien précis. Le fait de tuer deux ennemis d'un coup vous vaudra une cellule jaune qui correspond à un bonus d'argent, faites-lui mordre la poussière en utilisant uniquement des compétences spéciales pour récupérer un peu de PV et de PM après chaque combat, tombez dans une embuscade pour recevoir des points de compétence supplémentaires et abusez des coups critiques pour gagner davantage d'expérience. Ces différents bonus se cumulent et vous pouvez par exemple très bien vous retrouver avec des bonus de 140 % de points d'expérience supplémentaires à la fin de chaque combat. Ces avantages ne sont pas acquis pour toujours : le tableau est vierge à chaque fois que vous chargez une partie et vous perdez la moitié de vos cellules lorsque vous recevez un coup critique.
Cet aspect simplifie réellement le level-up qui consiste, comme souvent dans les productions tri-Ace, en un passage obligé pour vaincre certains boss très ardus. Il faudra aussi vous gratter un peu la tête pour améliorer vos compétences. En effet, comme ses prédécesseurs, The Last Hope vous laisse relativement libre dans les priorités que vous souhaitez donner à l'évolution de vos personnages. Les compétences s'apprennent en effet en feuilletant des livres mais elles ne servent pas à grand-chose si vous ne prenez pas la peine de les améliorer. Il est donc nécessaire de répartir les points de compétence glanés au fil des montées de niveau. Pour bien faire, il vous faudra aussi jouer sur un autre élément de personnalisation : le système de COUP vous permettra de spécialiser davantage un combattant sur les attaques-éclair ou sur le mode Vitesse. Il est ainsi possible de gagner des rangs de COUP en parallèle des niveaux plus classiques.
Pour peu qu'on prenne le temps de s'y intéresser, The Last Hope propose aussi un système de récolte et de création d'objets assez riche. Vos personnages disposent ainsi tous de compétences artisanales bien particulières qu'il vous faudra combiner pour découvrir de nouvelles recettes. Vous créez en effet des groupes de trois en croisant les doigts pour que leur brainstorming aboutisse à un résultat intéressant. Les choses ne sont pas gagnées une fois que vous avez trouvé la recette, il vous faut encore réunir tous les ingrédients nécessaires à l'élaboration de votre épée surpuissante ou de votre tarte au citron très appétissante. Ce système a de quoi vous tenir occupé un bon moment mais il souffre malheureusement d'un gros défaut : il n'est accessible qu'à partir de votre vaisseau, il vous est impossible de faire votre popote au beau milieu d'un donjon. De la même façon on regrette que le système de private action, ces cinématiques qui dévoilent les relations entre les protagonistes et qui vous permettent de faire des choix cruciaux sur la suite des événements, soit quasiment toujours cantonné à ces phases qui se déroulent à l'intérieur du Calnus. Cela finit en effet par nuire à l'équilibre du jeu : le contraste est finalement trop grand entre les périodes dédiées à l'exploration et ces passages dans le vaisseau. Concrètement, il est quasiment impossible de se lancer dans la création d'items et d'enchaîner quelques combats durant la même session de jeu. Ce problème de rythme vient donc ternir le blason de The Last Hope qui reste incontestablement un cran en dessous de son prédécesseur, il ne s'agit pas moins d'un RPG plutôt sympathique qui séduit surtout par son système de combat dynamique.
Les notes
Graphismes14/20
On n'accroche pas forcément au design des personnages dont le visage ressemble un peu trop à celui d'une poupée de porcelaine. Les phases d'exploration nous permettent de découvrir de bien beaux environnements mais les choses se gâtent lorsque l'on se lance dans un combat : l'action est un peu floue et l'image manque alors souvent de lisibilité. Enfin le level-design n'est pas toujours inspiré et il vous faudra parfois tourner en rond dans des donjons finalement très monotones.
Jouabilité15/20
Fidèle à la série, le système de combat en temps réel est toujours aussi dynamique. Il est toujours impossible de parer activement les coups mais on peut désormais sauter pour esquiver ou pour se glisser derrière son adversaire. On regrette tout de même qu'il ne soit pas plus pratique de passer d'un ennemi à l'autre.
Durée de vie17/20
Comptez une quarantaine d'heures pour finir le jeu en ligne droite et bien plus pour faire le tour de toutes les quêtes annexes. Notez aussi que vous aurez accès à des fins différentes en fonction des choix que vous faites au cours du jeu et qu'il vous faudra d'autant plus de temps pour toutes les débloquer.
Bande son13/20
Les musiques ne sont pas assez mises en avant mais c'est surtout du côté des doublages que la bande-son montre quelques faiblesses : vous n'avez accès qu'aux voix anglaises qui ne sont d'ailleurs vraiment pas exceptionnelles.
Scénario13/20
il n'y a pas vraiment de fil conducteur et on se trouve ballotté d'une aventure à l'autre. Les relations entre les différents membres d'équipage donnent lieu à de longues cinématiques qui pourraient être agréables si elles n'étaient pas condensées sur ces fameuses phases à bord du Calnus. Le jeu est par contre rempli de clins d'œil aux précédents épisodes que les fans de la série apprécieront certainement.
Star Ocean : The Last Hope n'est peut-être pas à la hauteur de son prédécesseur, mais il demeure tout de même un action-RPG assez sympathique. Son système de combat dynamique et sa richesse de contenu vous tiendront certainement en haleine de longues heures durant. Malheureusement le titre souffre aussi de problèmes de rythme qui risquent de décourager les moins persévérants d'entre vous. Les amateurs de la série seront par contre ravis de découvrir enfin les origines de la saga et se régaleront des nombreux clins d'œil aux précédents volets.
Note de la rédaction
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